Pour vous, qu'est-ce que c'est ?
A la base de ce syndrome, il semble qu'il y ait une croyance d'illégitimité à réussir, à prendre cette place, le ressenti d'être un "escroc", de tromper l'autre.
Ce syndrome touche souvent des personnes perfectionnistes qui ne peuvent jamais atteindre leur but idéal donc qui se sentent coupables et craignent d'être démasquées.
Ce sont donc essentiellement des gens doués voire surdoués, en tout cas tout à fait capables de réussir qui sont concernés par cette dépréciation.
Il s'agit de comportements d'auto-sabotage ou d'auto-dénigrement de leurs capacités.
Albert Einstein portait ce syndrome.
La peur de "l'imposteur" est d'être démasqué.
Pour éviter son angoisse de la peur de l'échec autant que celle de la réussite (bénéfices secondaires), il invente des stratégies :
- la procrastination : attendre le dernier moment pour se mettre en difficulté
- surcharge de travail, question des limites
- auto-dénigrement, complexe d'infériorité, état de survie : résultat jugé en-deçà de ses exigences ce qui confirme sa croyance initiale
- quête d'une inaccessible perfection, exigence élevée
- attribution du succès à des facteurs extérieurs : chance, examen facile, professeur sympathique...
Une tendance à l'auto-dénigrement est symptomatique d'une tendance dépressive et d'une position de vie négative, d'une inversion psychologique que Salomon Sellam appelle la négative attitude ou l'allergie au bonheur.
Quelles sont les racines de cette "imposture" ?
Elles paraissent être masochistes ou narcissiques donc liées aux capacités de l'enfant surestimées par les parents ou aux compétences dénigrées au profit de qualités plus superficielles.
Un "complexe d'échec", un manque de confiance en soi se met en place à partir d'injonctions du type : "Ne fais pas...", "Ne réussis pas..." voire "Ne réussis pas mieux que moi..." ou c'est une conséquence d'un surinvestissement narcissique des parents sur les compétences de leur enfant avec une mission de réussir comme eux ou là où ils auraient aimé réussir.
Au stade où l'enfant est animé de la pulsion d'autonomie qui le pousse à expérimenter le monde par lui-même, il est également traversé par une "angoisse de perte" par rapport à sa pulsion d'attachement.
Si le parent est lui-même soumis à des angoisses de perte en lien avec son histoire (syndrome du jumeau perdu...), les comportements parentaux vont freiner les élans pulsionnels de cet enfant.
L' injonction du type "Ne fais pas..." peut être entendue et ressentie comme "Tu n'es pas capable de...", "Ne réussis pas..." surtout si elle est renforcée par celle de "Ne pas réussir mieux que..." son parent y compris de manière involontaire, inconsciente (même si le parent est un "raté" ou si sa réussite semble indépassable, toute puissance du parent) peut engendrer la croyance d'illégitimité : "Je suis nul, je ne suis pas à la hauteur."
Il peut y avoir un décalage entre l'intention du parent et le ressenti de l'enfant, entre ce qui est dit et ce qui est reçu. D'autre part, tous les parents sont imparfaits et défaillants, pas indestructibles, peuvent porter une certaine fragilité due à leur histoire...
L'enfant dans ces cas là va s'interdire d'utiliser ses potentiels pour ne pas perdre le lien avec son parent et rester loyal à ses injonctions. Il va donc "se faire du mal" pour ne pas blesser son parent. Il a peur de décevoir les ambitions du parent car il a la croyance de ne jamais pouvoir être à la hauteur.
Porté par un besoin de reconnaissance, l'enfant peut :
- soit persévérer dans les ambitions que ses parents placent en lui
- soit écrasé par la crainte de les décevoir, il ne supporte pas la pression et préfère échouer. C'est souvent renforcé par l'attitude d'un parent hyper-exigeant qui pourra faire sentir même à l'enfant le plus brillant que sa réussite (très bons résultats, très bonnes notes...) ne sera jamais suffisante pour satisfaire son propre appétit narcissique : "Qu'est-ce que tu as comme notes ?" Le rôle des parents n'est-il pas de stimuler les enfants autrement, de leur permettre de grandir, de les respecter, de les accompagner... ?
Ex : les joueurs de tennis ont voulu pour beaucoup que leurs enfants deviennent Federer
Ex : cadre brillant dans le marketing, stressé, burn-out à plusieurs reprises; prive son enfant de fêtes et de cadeaux d'anniversaire car il a été le second et pas le premier.
Ex : Scénario : dès que des changements se profilent avec la sortie de la zone de confort, il y a peur de l'inconnu, angoisse de perte et la personne se fige et se retrouve dans l'invalidité.
Ex : Impression de réussite chanceuse : "J'ai eu mon BAC grâce à un examinateur ivre." ou "J'ai été 4ème à la sortie du concours à cause de ma gentillesse." La réussite éclatante est impossible car illégitime, déloyale envers l'injonction : "Ne réussis pas ! " émise inconsciemment dans ce cas précis par le père. "Je mettais donc tout en oeuvre pour être en adéquation avec le modèle paternel, loyal à celui des hommes de ma lignée, en ternissant ma réussite mais en rebellion malgré tout puisque j'entreprenais et réussissais malgré tout."
Ex : Les réussites qui sont ternies ou entachées peuvent liées à la satisfaction de répondre à la commande de maman en étant propre très tôt mais aussi à la sensation d'avoir perdu le lien avec sa mère après cette autonomie acquise. Réussir c'est toujours risquer de perdre le lien.
Syndrome de l'imposture : commande => panique => déprime => réussite chanceuse => culpabilité
Ex : mère ayant subi une tentative d'abus sexuels est méfiante, ne veut que des garçons mais pas trop mâles.
Ex : Père castré par la notion de devoir familial ayant renoncé à ses ambitions personnelles
Ex : Petit enfant fusionnel avec une mère isolatrice
Fixation de la mère au sujet de la propreté, non respect du rythme de l'enfant, non attention de la mère : "Si je fais mon devoir, je perds le lien avec maman."
Ex : Castration du masculin pour protéger la mère du masculin tout en restant loyal envers le père : énergie féminine mal assumée, bisexualité refoulée : "L'homme est dangereux." Conflit de l'amazone
Quelles sont les pistes pour tenter de sortir de ce syndrome ?
Travailler sur soi, sur l'amour de soi, s'auto-challenger, se connecter à l'espoir, à la joie, déconstruire les croyances verrouillantes du clan familial, sortir de la transmission des angoisses, de l'insécurité, tenter de ne pas être dans la réaction, d'être vigilant(e) envers soi-même, de lâcher-prise, d'apprendre à s'accepter, d'avoir certains repères, des étapes pour pouvoir avancer, de se donner du temps pour traverser ses blessures...
Pour savoir si vous êtes concerné(e), vous pouvez utiliser l'échelle de Clance ci-dessous en donnant la première réponse à chaque question sans réfléchir :
TEST de L'IMPOSTEUR
ECHELLE de CLANCE
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